Beethoven lui-même
portait une veste d'une étoffe à longs poils gris foncé et un pantalon de même,
de sorte qu'il me fit penser toute de suite à l'image de Robinson Crusoé de
Campe, que je lisai alors. Ses cheveux noirs comme de la poix, coupés à la Titus,
de répandaient autour de sa tête. Sa barbe, vieille de plusieurs jours, rendait
encore plus noire la partie inférieure de son visage déjà brun sans cela. Avec
le regard rapide habituel aux enfants, je remarquai tout de suite qu'il avait
du coton dans les oreilles, qui semblaient humides d'un liquide jaunâtre. Ferdinand Ries.
17 décembre 1770, Ludwig Van Beethoven vient au monde à Bonn,
dans une Allemagne sans cohésion politique, qui n'est qu'un amas d'une
multitude de petits états. Bonn dépend à cette époque directement de la
gouvernance de Vienne, siège du Saint Empire germanique et résidence des
Habsbourg. Portant le même prénom que son grand père paternel, qui jouissait
dans la région d'une renommée via ses qualités musicales, ce qui n'est pas vraiment le cas de son fils,
le père de Ludwig (vous suivez ?), qui
est plutôt connu pour son amour inconditionnel pour la boisson. Il épousera
Maria Magdalena Keverich, fille d'un chef cuisinier, reniée par Ludwig (le
grand père), avant du'une bénédiction tardive ne vienne apaiser les rancoeurs.
Maria Magdalena est souvent décrite comme une personne calme, douce, patiente,
la majorité du temps, mais capable de sautes d'humeur remarquables à faire
trembler les piliers de la Création. De par ses échanges épistolaires, on
devine que son mariage n'est pas pour elle une réussite, décrivant souvent le
célibat comme une source de vie tranquille et agréable en opposition au mariage
qui selon elle est porteur de chagrin.
Ludwig sera le deuxième enfant du couple, le premier se prénommant
aussi Ludwig mais étant mort à l'âge de 4 jours. Au total, Ludwig aurait été le
membre d'une fratrie de sept enfants, mais seuls lui et deux de ses frères
survivront jusqu'à l'âge adulte.
Il n'existe que peu de documents relatant l'enfant de
Ludwig, mais l'on sait que la mort de son grand père et homonyme, alors qu'il
n'avait que 3 ans l'affecta profondément.
Son père prétendant que Ludwig n'apprendra rien d'utile à
l'école, il ne s'y rendra que peu, ce qui générera chez lui, et cela jusqu'à sa
mort, des lacunes importante en arithmétique
et en grammaire.
Mais pour Johann, le plus important est que son fils se
consacre à la musique. Dès l'âge de trois ans, il passera la majorité de ses
journées devant un pianoforte (le piano n'existant pas encore sous sa forme
actuelle à l'époque). Son apprentissage commencera alors sous les coups
impulsifs de son père pour lui faire payer la moindre erreur de doigté. Dans un
élan de cupidité, il ira jusqu'à rajeunir de deux ans l'âge de son fils lors de
ses concerts pour rappeler la précocité d'un certain Mozart. Ludwig finira par
découvrir son vraie âge que des années plus tard.
Sa première présentation publique aurait-eu lieu le 26 mars
1778 à Cologne comme l'atteste des documents écrit par Johann pour faire la
publicité de cet événement.
L'échec fut massif. Johann, blessé dans son orgueil mais un
minimum lucide, confiera alors la suite de l'éducation musicale de son fils à Tobias
Pfeiffer, musicien ambulant et compagnon de boisson de Johann. Cela durera
jusqu'à 1780 et le départ de Tobias, la relève fut assuré pendant 2 ans par un
organiste, Egidius van den Eeden, sa mort l'empêchant de continuer.
En 1781, Ludwig entamera, cette fois accompagné de sa mère,
une tournée en Hollande, qui n'eut toujours pas le succès escompté. Ludwig dira
dès lors des hollandais qu'ils sont des "grippes-sous" et refusera de
retourner dans ce pays.
C'est en 1782 que l'éducation musicale de Ludwig prend une
tournure décisive. Christian Gottlieb Neefe, nouvel organiste de la cour,
accepte d'en faire son élève. La culture de Neefe sera un vraie tremplin pour
Ludwig qui découvrira entre autres Shakespeare et Schiller auteur d'un certain
poème, l'Ode à la joie qui sera repris par Ludwig bien des années plus tard pour
le final de son ultime symphonie.
Cette même année, il rencontrera Franz-Gerhard Wegeler, qui
se destine à devenir médecin, et qui sera l'ami le plus constant et le plus
fidèle du compositeur, jusqu'à sa mort.
Grâce à Wegeler, Ludwig rencontre la famille Breuning, noble,
bercée dans les arts et chez qui Beethoven sera vite considéré comme un fils
d'adoption.
1783, alors agé de 13 ans, et poussé par Neefe qui estime
qu'un cap doit être franchi, Ludwig joue sa première oeuvre personnelle, les 9 variations pour clavecin
en ut mineur. La dextérité nécessaire pour jouer cette oeuvre laisse
présager du génie de ce jeune enfant.
Sur sa lancée, dès le début de l'année 1784, Beethoven se propose pour le poste d'organiste adjoint
de la cour, mais celui lui est refusé par l'archiduc Maximilien Frédéric. Mais
ce dernier meurt quelques semaines plus tard, et son remplaçant, Maximilien
Franz, sera lui plus enclin à accepter la requête du jeune compositeur. Ludwig
recoit alors son premier salaire fixe de 150 florins par an, tandis que son
père, dont l'éthylisme nuit gravement à son travail se voit lui retirer 15
florins par an. Ludwig se retrouve alors premier garant financier de la famille
Beethoven.
1784 se poursuit, et Beethoven compose son concerto n°0 pour piano.
A cette époque, Beethoven est plus connu en tant que pianiste virtuose qu'en
tant que compositeur d'avenir, ses trois premiers quatuors avec piano,
Neefe décidera même de ne pas les publier, ils ne le seront qu'après la mort de
Beethoven. Cette même année, Beethoven fera la connaissance du comte Ferdinand
Waldstein, ami intime de Maximilien Franz. La rencontre se fait chez les
Breuning. Il financera le très relaté voyage qui amènera à la seule rencontre
entre Ludwig van Beethoven, âgé de 17 ans et Wolgang Amadeus Mozart, âgé de 28
ans. il y a tant de on-dit sur cette rencontre qu'il est quasiment impossible
de démêler le vrai du faux, mais la majorité des historiens s'accordent pour
dire que rien de particulier, aucun échange majeur ou mémorable n'eut lieu au
décours de cette rencontre. Le retour à Bonn se fera dans la tristesse, sa mère
meurt le 17 juillet d'une hémoptysie importante sur une tubeculose. Beethoven
en gardere la manie de scruter systématiquement le moindre de ses crachats pour
y déceler des traces de sang. Suite à cet événement, son père tombera encore
plus dans l'alcoolisme et la vie à la maison en devient d'autant plus
difficile. En 1789, Ludwig fait alors les démarches auprès de l'Electeur pour
accélérer son émancipation, le salaire de son père lui est alors transféré,
mais Ludwig cèdera peu de temps après aux pleurnicheries de son père et
acceptera de revenir sur sa décision. Après avoir quelques peu délaissé la
compisition, il s'y replongera dès 1790 et écrira sa première musique pour
ballet, le Ritterballet,
sur la commande du comte Waldstein qui s'en attribuera la paternité avant que
bien plus tard les historiens ne corrigent ce forfait.
1790, l'empereur Joseph II, mélomane reconnu, meurt. Beethoven écrit alors la Cantate sur la mort de
Joseph II, sur commande de la cour, mais l'oeuvre s'avère trop
difficile à jouer et il faudra attendre 1884 pour l'entendre pour la première
fois. En cette époque charnière dans l'évolution de l'Europe, Beethoven se
reconnait dans les idées révolutionnaires qui viennent de France, à cette même
époque, il découvre la philosophie de Kant et n'y reste pas indifférent. La fin
de l'année 1790 arrive, et Beethoven éprouve une tendresse plus qu'amicale
envers la seconde fille des Breuning, Eleonore, qui appelera
"Lorchen". Eleonore qui ne
partage elle que de l'amitié avec Beethoven, épousera, plus tard Wegeler.
Ainsi
commencent les terribles mésaventures amoureuses de Beethoven, véritable fil
rouge de sa vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire