Chapitre
4
Des colonnes en
obsidienne noire s'élevaient des deux cotés de l'allée centrale. Il n'y avait
aucun arbre, aucune plante. Seule la roche dominait en ces lieux, tantôt brute,
tantôt sculptée. L'air était froid, et la lumière qui s'échappait des fenêtres
mourrait au contact du sol, absorbée, emprisonnée.
Cela ne décontenançait
pas Lara Cockroft et Mémédoc qui avançaient, imperturbables. La petite traîne
de la robe grise de Lara épousait le sol, un diadème en sombracier retenait sa
chevelure. D'un pas rapide, elle traversa la première salle, puis
l'interminable couloir qui lui faisait suite. Mémédoc marchait à ses cotés, au
même rythme, toute aussi silencieuse, mais prête à dégainer son surin à la
moindre menace. Ce surin était sans nul doute son bien le plus précieux. La
lame en cobalt, était d'un bleu étincelant. Une gouttière la traversait sur une
de ses faces. Imbibée de belladone concentrée, elle était une arme magnifique.
Dans les mains de Mémédoc, elle devenait redoutable.
Leurs oreilles pointues
avaient attiré l'attention dans les couloirs. Il était de notoriété publique de
Nico D n'aimait pas les elfes. Il était donc peu fréquent d'en croiser entre
les murs de son château.
Au bout d'un énième
couloir, Lara et Mémédoc furent arrêtées, poliment, devant une grande porte
en bois rouge.
— Je suis désolé mes demoiselles, vous ne pouvez aller
plus loin sans être attendues.
L'homme qui venait de les
arrêter était assez frêle et portait sur son dos ses longues années au service
de son roi, mais deux gardes aussi hauts que larges l'accompagnaient pour aider
à faire passer sans encombre ses messages.
— Si nous avions voulu entrer dans cette pièce sans être
attendues, nous n'aurions pas pris le couloir principal. Prévenez votre roi que
nous sommes là, dit Lara d'un ton ferme,
mais sans la moindre once d'impolitesse.
Mémédoc était prête à
saisir sa lame en cas de réaction belliqueuse.
Le vieil homme sembla
réfléchir un instant, avant de répondre.
— Très bien, qui dois-je annoncer ?
— Nul besoin de connaitre nos noms, vous n'avez qu'à nous
décrire à votre roi, rétorqua Lara,
toujours calme.
— Ce n'est pas la procédure habituelle réagit
l'intendant.
— Et ce n'est pas dans mes habitudes d'attendre, le coupa
Lara, dont le ton laissa transparaitre une pointe d'agacement.
L'intendant resta
silencieux quelques secondes avant de se tourner vers la grande porte. Deux
autres gardes lui ouvrirent la porte.
Aucun son ne s'échappait
de l'autre coté de la porte. Il aurait été normal de penser que la pièce
derrière était vide.
Finalement la porte
s'ouvrit de nouveau, et l'intendant réapparu.
— Vous pouvez y aller, dit il avant de s'effacer pour
laisser passer les deux elfes.
Les portes, ouvertes,
révélèrent une pièce immense, baignée dans une lumière qui contrastait avec
tout le reste du château. Nico D était sur son trône et ne prêta aucune
attention à l'entrée de Lara et Mémédoc jusqu'à ce qu'elle soit à mi chemin. Il
leur fit signe de la main, leur signifiant de se rapprocher.
Arrivées au pied des
marches qui menaient au trône, Lara et Mémédoc marquèrent une pause, puis
posèrent un genou à terre. Mémédoc avait déjà analysé la pièce, le nombre de
soldat, leurs armes, ceux qui étaient de vraies menaces, ceux qui fuiraient
devant quelques uns de leurs camarades morts.
— Que voulez-vous ? s'agaça Nico D.
— Bonjour, votre majesté, répondit Lara, qui préféra ne
pas suivre son interlocuteur sur le ton avec lequel il entama la discussion, nous
sommes ici pour vous proposer un marché.
— Et qu'est ce qui vous fait penser que vous avez quelque
chose qui pourrait m'intéresser ?
— Beaucoup de choses. Plus que vous ne croyez. Un plus
grand royaume, sans avoir à mener vos hommes en guerre, pour commencer.
A ces mots, Lara perçut
une pointe de curiosité et d'intérêt dans le regard du Roi, mais cela ne dura
qu'un instant et son visage reprit vite ses traits sombres.
— Vous savez comment parler à des rois, mademoiselle...
quel est votre nom déjà ?
— Lara, Lara Cockroft. Et je vous présente mon amie,
Mémédoc.
— Très bien Lara, vous venez donc avec de belles paroles
et de belles promesses, mais si je suis roi, et surtout, si je suis encore en
vie, c'est parce que je ne me fie qu'aux actes.
— Les actes viendront, cher roi. Mais pour cela il nous
faudrait une aide minime de votre part.
— Je n'aime pas votre conception du marché. Voyez vous,
ici vous êtes dans mon château, sur mes terres, et sur un simple geste de ma
part vous pouvez être arrêtées et emprisonnées, je pourrais vous garder des
années dans un cachot plus sombre que les ténèbres elles mêmes, et ne vous en
sortir que pour vous recouvrir d'huile sucrée et vous faire cramer pour
parfumer ma cour avec des effluves de caramel. Alors comprenez bien ceci, dans
les marchés que l'on fait ici, c'est moi qui reçoit en premier et je ne donne
qu'après.
— Très bien, je conçois votre point de vue. J'aurai
préféré qu'aucune goutte de sang ne coule, et que vous soyez gagnant dans
l'échange que j'allais vous proposer, mais soit.
Nico D eut à peine le
temps de lever sa main pour ordonner à ses gardes d'encercler les deux elfes,
que Mémédoc saisit son surin et se jeta sur celui qui se tenait à coté de la
fenêtre et qui était apparemment le plus imposant de la pièce. Elle sectionna
sa carotide d'un coup vif, et se projeta directement sur le garde le plus
proche avant même que le visage de sa première victime n'ait touché le sol.
Méthodiquement, et selon un schéma qu'elle avait prévu depuis leur entrée dans
la pièce, Mémédoc tua quatre gardes, avant que ses prédictions ne s'avèrent
exactes et que les survivants ne renoncent à engager le combat. Elle s'approcha
alors calmement de Nico D qui était encore sous le choc de ce qui venait de se
produire.
Lara le regarda, et
posant son index sur ses lèvres lui fit signe de ne pas faire de bruit.
— Maintenant, nous allons aller droit au but, vous êtes
en possession d'une bague en mithrite noble. Ne niez pas, ne mentez pas. Donnez
la nous, et nous ferons le maximum pour que vous puissiez voir le soleil se
coucher ce soir, exposa Lara.
— Très... très bien. Allez prévenir mon mage, qu'il
apporte la bague en mithrite noble, ordonna le roi au dernier homme de la pièce
encore vivant et apte à suivre son ordre.
**
— Je déteste les mines, c'est froid, il n'y a
aucune visibilité, et franchement, il faut dire ce qui est... on s'emmerde !
Bob, avait été
insupportable pendant tout le trajet. Doc Marmotte avait essayé de prendre
exemple sur Qffwffq qui l'avait ignoré depuis leur départ, mais la tache était
plus difficile, compte tenu du fait que le ragondin était sur son épaule.
Que des reproches et des
remarques, sans arrêt. Elle avait songé à le noyer discrètement dans le premier
ruisseau venu après qu'il ait répété pendant plus d'une heure "quand
est-ce qu'on arrive ?", mais finalement elle opta pour la deuxième
solution, lui céder une dose de sa poudre préférée qui le faisait planer et du
coup entraînait un silence reposant pendant un laps de temps jamais assez long.
— Et rappelle moi ce qu'on fait ici ? demanda t'il.
— Pour la dixième fois, je te le redis, on cherche l'origine
de la perturbation de l'Ether. Cet endroit est comme recouvert par un nuage
invisible mais pesant qui m'oppresse sans que je n'en comprenne l'origine.
Bob se tourna vers
Qffwffq qui ne daigna toujours pas lui lâcher un regard.
— Et le seigneur de la sympathie pourquoi il est avec
nous ? Parce que franchement à part si le seul moyen de faire disparaître cette
perturbation c'est d'être désagréable avec elle ou de la battre au concours de
celui qui aura une tête d'enterrement le plus longtemps, je ne vois pas en quoi
il va nous être utile.
— Ecoute, je ne sais pas, tu iras embêter Souristine avec
ces questions à notre retour.
Qffwffq montra une
déviation sur la droite de la galerie principale
— C'est par là.
Doc Marmotte était
d'accord avec cet avis, la perturbation était plus palpable dans cette
direction.
Elle avait fini par
accepter le parti pris du moindre mot de son compagnon d'aventure et s'était
résignée quant à l'idée d'un voyage bonne ambiance avec discussions, chansons,
échanges d'anecdotes etc.
Jusqu'à présent, leur
voyage s'était déroulé sans encombre. Doc Marmotte s'en réjouissait, mais une
part d'elle était curieuse de voir ce que Qffwffq pouvait donner en situation
de conflit. De plus, elle ne s'expliquait toujours pas pourquoi ils avaient été
choisis tous les deux pour cette mission.
Les mines étaient un vrai
labyrinthe, mais Doc Marmotte avait déposé de la poudre astrale sous les
sabots de son cheval afin de pouvoir retrouver aisément leur chemin en cas de
besoin avec un simple sort qui ferait apparaître les empreintes.
Le chemin qu'ils venaient
d'emprunter était en légère montée et laissait apparaitre une lueur à son
horizon. Surement une sortie. Mais cela lui parut étonnant en plein cœur d'une
mine.
Creusées au cœur de la
montagne, en des temps anciens, les mines éternelles avaient permis aux nains
de bâtir leur empire, et d'en assurer la pérennité tant sur le plan sécuritaire
avec des armes d'une qualité sans égale faite à partir des matériaux locaux,
mais aussi sur le plan économique avec un monopole sur le mica rouge et le
quartz blanc qui ne se trouvaient nulle part ailleurs en ce monde. Après un âge
d'or de paix et de félicité, vint le temps des premiers conflits, d'abord
internes, auxquels s'ajoutèrent rapidement des menaces de l'extérieur. Creusées
jusqu'à l'épuisement total de leurs ressources, les nains abandonnèrent les
mines pour vivre, non plus en communauté, mais éparpillés sur tout le
continent. Depuis, les montagnes éternelles et leurs mines n'étaient plus
qu'une zone semi-déserte, où ne vivaient quelques ascètes discrets et inconnus.
La lumière du jour
s'intensifia. Il s'agissait bien d'une sortie de la mine. Les deux aventuriers,
et Bob, se retrouvèrent à flanc de montagne, sur une route étroite. Ce chemin
était risqué, mais il était celui qui menait à la perturbation.
— Sur la droite, la bas, il y a une zone plate, nous
allons nous y poser quelques instants, annonça Qffwffq.
— Pile à l'heure pour le gouter ! s'extasia Bob.
— On n'est pas la pour pique-niquer, lui rappela Doc
Marmotte qui n'aimait guère la sensation que provoquait en elle la
perturbation. Il y a quelqu'un là-bas, remarqua t'elle.
Une silhouette se
devinait sur la zone que Qffwffq avait montré quelques instants auparavant.
Ils approchèrent,
doucement. La silhouette s'avéra être une femme, qui leur tournait le dos. Elle
ne se retourna pas alors que le bruit des sabots ne cachait nullement
l'approche des deux aventuriers.
– Bonjour, entama Doc Marmotte.
La femme resta
silencieuse un instant. Puis sans se retourner répondit.
— Ce n'est pas trop tôt, dit elle.
— Ce n'est pas trop tôt de quoi ? s'étonna Doc Marmotte.
Qffwffq descendit de son
cheval, toujours sans un mot, mais nullement perturbé par la situation.
— Descendez, s'il vous plait, demanda t'il à Doc Marmotte.
— Mais qu'est ce qui se passe ici ? C'est quoi ce bordel
? s'agaça la sorcière.
A peine eut elle le temps
de finir sa phrase que la femme tendit la main vers elle et d'un simple sort la
fit tomber de son cheval.
— Du calme Zoralie, lacha Qffwffq
Doc Marmotte ne pouvait
plus bouger. Le sort de Zoralie la tenait comme des liens serrés tout autour de
son corps.
— Emmenons là à proximité du rocher de mithrite noble, et
la tu pourras la tuer et récupérer son pouvoir, s'amusa Zoralie.
Doc Marmotte fut prise de
panique mais aucun muscle de son corps ne répondait, elle était prisonnière du
sort. Zoralie la déplaçait à quelques centimètres du sol, sans la moindre
difficulté, telle une marionette.
— Très bien, ne traînons pas, répondit Qffwffq toujours
sans une seule once d'émotion.
— Me tuer ? Mais pourquoi ? Pourquoi vous faites ça ?
Qu'est ce que ça vous apporte ? Qu'est ce que je vous ai fait ? hurla Doc
Marmotte, avant d'être prise d'un sanglot.
— Ça ne t'avancera à rien de savoir, ton sort est déjà
scellé, réagit Zoralie.
Bob, qui avait discrètement
quitté l'épaule de Doc Marmotte au premier signe de danger, s'était fait
totalement oublier. Il avait assisté à toute la scène. Il ne faisait aucun
doute que sa sorcière préférée était en danger. Il se jeta sur Zoralie et la
mordit à la main.
Perturbée dans sa
concentration, son sort d'emprise céda. Doc Marmotte tomba au sol. L'adrénaline
lui permit de se relever aussitôt et de commencer à fuir. Bob sauta de Zoralie
jusqu'à elle.
Zoralie, folle de rage,
fit tomber sur leur chemin de la roche montagneuse pour les bloquer.
Malheureusement, elle ne visa pas comme elle l'aurait voulu, et en voulant
éviter les rochers qui tombait sur elle Doc Marmotte trébucha sur le bord du
chemin et disparut dans les profondeurs des montagnes.
— Qu'est ce que tu as fait ? s'énerva Qffwffq.
Zoralie ne daigna
répondre. Elle allait s'emporter dans son énervement, mais ses plans changèrent
quand elle remarqua que des troupes arrivaient par les deux seuls chemins
restants.
Très vite, Zoralie et
Qffwffq furent encerclés par une troupe d'une vingtaine d'homme, aux visages
masqués par de lourds casques.
— N'approchez pas, les menaça Zoralie qui n'attendait
qu'une seule bonne raison pour se défouler.
Le seul cavalier du
groupe, qui semblait diriger les autres, pointa sa lance vers eux.
— Capturez le, et tuez la.
Qffwffq réussit à tuer
deux gardes avant d'être maintenu au sol et de se voir poser des chaines aux
poignets et aux chevilles.
Zoralie réussit à
immobiliser le petite détachement qui s'approchait d'elle.
— Laissez moi partir où je brise tous vos os.
Le cavalier eut un grand
éclat de rire, étouffé par l'épaisseur de son casque.
— Vous êtes douée. Pas assez pour survivre si je demande
à toutes mes troupes de vous attaquer. Mais j'aime votre témérité. Je vous
propose un marché, je vous laisse vivre, mais le chevalier reste avec nous.
Zoralie tourna son regard
vers Qffwffq. Elle n'hésita qu'une seconde.
— Très bien, emmenez le.
— Parfait. Je savais que nous pouvions nous entendre. Je
vais donc vous laisser vivre, mais en échange, je vous ordonne de dire à celle
qui vous envoie qu'elle ne doit plus essayer de se mettre en travers du chemin
du Seigneur Amrah, si elle ne veut pas terminer avec la tête au bout d'une
lance.
Les troupes repartirent,
avec Qffwffq, enchaîné, qui ne lâcha ni un mot, ni un regard pour Zoralie.
**
Quelqu'un frappa trois
fois à la porte.
— Je viens sur ordre du roi, il souhaite avoir la bague
en mithrite noble.
Eugène, en pleine
écriture sur son livre de travail, détestait être interrompu en pleine
réflexion. Mais il n'en dit pas un mot. D'ailleurs peu de personnes
connaissaient le son de sa voix, et encore moins pouvaient prétendre
avoir vu son visage. Il portait une cape, bleu foncé, avec une capuche qui recouvrait
sa tête. Par la forme de la cape on lui devinait une petite taille, et une
carrure modeste. Mais pour autant personne ne se serait permis de chercher à
être en conflit avec lui. L'aura de mystère qui l'entourait lui assurait la
tranquillité nécessaire au bon accomplissement de ses taches. A tout cela
s'ajoutait un regard jaune-vert sans que l'on puisse évaluer assurément la
taille de ses yeux. Beaucoup de rumeurs courraient à son sujet, et les paris
quant à son appartenance à la race humaine n'étaient pas nombreux.
La porte finit par
s'ouvrir. Eugène apparut, sans dire un mot. La bague était dans sa poche. Il
suivit le garde depuis son bureau au sous sol jusqu'à la grande salle du trône.
Il n'était pas à l'aise. Il n'aurait pu en donner clairement la raison, mais
quelque chose n'allait pas. Ce sentiment d'angoisse s'intensifiait à mesure
qu'il approchait de la salle du trône.
La grande porte s'ouvrit.
Eugène fit un pas dans la pièce et remarqua la bataille qui y avait eu lieu. Il
nota la passivité des gardes encore en vie, le roi en position de faiblesse, et
les deux elfes qui de toute évidence étaient à l'origine de tout cela.
— Donnez leur la bague Eugène, lui ordonna le roi sur un
ton moins chargé de mépris qu'à l'accoutumée.
Eugène s'approcha de Lara
qui s'était tournée vers lui. Il était à deux mètres d'elle. Tous ses sens se
mirent en alerte. Il n'aurait pu savoir pourquoi mais tout dans son être lui
disait de ne pas remettre cette bague.
Lara tendit la main vers
lui. Il leva sa tête pour la fixer, mais son visage, toujours invisible dans la
pénombre de sa capuche ne laissait transparaître aucune émotion.
Il tendit sa main, après
avoir saisi la bague dans sa poche et la présenta à Lara.
Lorsque la main de Lara
tenta de s'emparer de la bague, elle passa au travers de celle d'Eugène.
— Qu'est ce que c'est que ça ? dit elle énervée.
A ces mots, l'illusion
d'Eugène s'évapora, son corps s'effaça en un instant. Lara comprit qu'elle
venait d'être bernée.
Elle laissa éclater une
colère silencieuse qui dégagea une puissance telle que les murs se mirent à
trembler, toutes les vitres se brisèrent.
Une fois la colère
évacuée, elle se tourna vers Mémédoc.
— Partons, nous n'avons plus aucune raison de rester ici.
Elle se tourna vers Nico
D.
— Trouvez votre mage, et cette bague, je vous donne
jusqu'à la fin de la journée, ou bien je vous fais arracher les yeux avant de
vous les faire avaler.
Elle fit apparaître une
poudre dans le creux de sa main et souffla devant elle. Un portail, qui se
devinait par la déformation de la lumière malgré sa transparence totale,
apparu. Elle le traversa avec Mémédoc, sans dire un mot.
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