Chapitre 7
Le sable était un vrai poison, il
empêchait tout appui stable et compliquait chaque pas, la visibilité était
quasi nul à quelques mètres. Il aurait pu y avoir un ravin, un fossé, un piège,
aucun moyen de le savoir avant d’en être victime avec ce brouillard de
particules aussi dures que minuscules. Il se glissait partout, dans les
chaussures, sous les vêtements. Il remplissait les narines, la bouche, la gorge. Il provoquait des
quintes de toux, dans un cercle vicieux incessant où chaque reprise de
respiration en remplissait de nouveau les poumons. Ce désert avait inspiré bien
des légendes, occultes, aux fins tragiques, personne ne s’y aventurait. Du
moins en temps normal. Car en ce jour, une personne tentait d’y tracer son
chemin, malgré la rudesse du lieu, malgré son absence totale de clémence, et sa
capacité à faire disparaître quiconque ne le prendrait pas au sérieux. La
motivation était là, peut-être un peu de folie aussi. Il savait que cela serait
épuisant, éreintant, et probablement mortel, mais il n’avait pas d’autre choix.
Devant la nécessité d’accomplir sa mission le plus vite possible, ce désert
était devenu un choix aussi dangereux qu’inéluctable.
Sur un rayon de plus d’une
journée de marche, il n’y avait que lui, et celui qu’il cherchait, aucune
ville, aucune auberge, aucune escale possible.
Il ne pouvait plus faire
demi-tour. Beaucoup de personnes se seraient perdues mais ses capacités lui
permettaient, malgré l’absence quasi-totale de visibilité de connaître son
chemin. Alors il le suivait, inlassablement, n’étant freiné que par des
contraintes physiques, mais nullement par son mental.
PiR BDA ne lâcherait rien avant
d’arriver à son objectif. Retrouver la seule personne qui pourrait l’aider dans
sa quête. Si le désert ne le tuait pas, rien ne lui garantissait que ce ne
serait pas Gentil Mari qui le ferait. Mais il n’avait pas, il n’avait plus le
choix. Alors il avançait. Contre le vent, le sable, la fatigue, la douleur. Plusieurs
fois il avait cru être suivi, mais très vite son esprit lui rappela que cela
était impossible, alors il continuait son chemin.
Après plus d’une journée de
marche, le vent se fit plus calme, le sable devint moins tranchant, moins
agressif, et une once de lumière semblait même parvenir à se frayer un chemin
dans cette éternelle tempête. Il touchait à son but. Tandis qu’il continuait sa
route, tout se métamorphosa autour de lui, progressivement. Le vent qui n'avait
eut de cesse de le ralentir se tût subitement. Le sable demeura inerte, mort,
impuissant, une lumière sombre avait envahit l’espace. On n’y voyait comme en
plein jour, mais aucun soleil. L'origine de cette lumière était une énigme,
elle paraissait spontanée. Le sol devint dur, et totalement plat. Les appuis n'en
furent que plus aisés, mais la dureté du sol résonnait sous chacun des pas de
PiR BDA. Aucun doute, il était arrivé.
Des plaques tranchantes plantées
à la verticale déchiraient le sol, il y en avait des dizaines, des centaines,
peut être des milliers. Leur disposition n’avait rien d’hasardeuse. Chacune de
ces plaques était au centimètre près, disposée pour bloquer au maximum le vent,
et ne laisser passer qu’une légère brise au ras du sol, balayant le sable pour
que jamais celui-ci ne s’accumule. Il n’y avait aucun bruit, le moindre pas de
PiR BDA aussi silencieux et furtif soit-il, était une cacophonie brisant
l’éternel silence qui régnait en ce lieu.
Ici tout n’était que mort et
métal.
Une seule personne pouvait vivre,
survivre, en ce lieu ; son concepteur, Gentil Mari.
A quiconque aurait été assez fou
pour s’y rendre, l’endroit serai un labyrinthe éternel et mortel où chaque
malheureux serait venu se perdre. PiR BDA, lui, n'avait pas le choix. Il
traça son chemin entre les plaques de métal, toutes similaires, séparées par le
même espace, atteintes par la même rouille, pareilles à une armées de clones
métalliques plantés là.
**
— Et on est sur que c’est ici ?
demanda Michael
— Je fais confiance à notre informateur,
lui rétorqua Tiben,
sans
trainer le pas.
—
Oui, enfin, lui aussi avait confiance en nous au départ, répondit
Michael, et au final tu l’as lâché du haut du toit de l’auberge.
— Et il n’en est pas mort, ce
n’était que le prix des mensonges qu’ils nous avaient servis. Avant de se
raviser...
— Vu l’état de ses chevilles après
l’atterrissage, il va beaucoup moins bien marcher maintenant.
— Au final il s’en est bien sorti,
n’est ce pas Fluo ? demanda Tiben.
— Oui, répondit la magicienne qui
marchait quelques pas devant ses deux compagnons de route, il aurait pu avoir
des blessures plus graves, mais durant sa chute j’ai pris le temps lancer un
sort de protection.
— Qui n’a pas l’air d’avoir très
bien marché au niveau des malléoles, vu leur angulation après son atterrissage,
rétorqua Michael sur un ton sarcastique.
— Certes, mais il nous avait menti,
alors on n’allait pas lui offrir un saut dans le vide pour le plaisir. Il
devait assumer la conséquence de ses actes, s’exclama Fluorette, d’un ton calme
qui apaisa un peu la discussion.
— Mais rien ne nous obligeait à le
faire tomber ! argumenta Michael.
— Certes, et rien ne l’obligeait à
nous mentir avant de se raviser, répliqua Fluorette.
Tiben s’interposa devant Michael,
arrêtant nette la marche du groupe.
— Ecoute, je te suis reconnaissant.
Je sais que je te dois beaucoup pour ce qui est arrivé à Lodegrien. Ensuite, tu
as demandé à venir avec nous, et nous avons accepté. Nous t’avons expliqué
notre activité et notre mission actuelle. Après quoi tu as pris ta décision en
connaissance de cause. Nous n’avons jamais prétendu être des saints, ni suivre
les règles de bonne conduite. Nous accomplissons des missions pour lesquelles
nous sommes payés. Pour que ça fonctionne correctement il faut que notre
réputation soit à la hauteur de nos tarifs. Ce n’est pas en tergiversant, en se
faisant des amis à chaque rencontre, en jouant les bons samaritains que nous
allons perdurer dans ce métier. Nos méthodes sont ce qu’elles sont parce
qu’elles ont fait leurs preuves. Je peux tout à fait comprendre que ça soit
difficile pour toi à accepter et à admettre. Mais tu n’as aucun engagement à
notre égard. Ta présence peut être précieuse, mais si ça ne te convient pas,
aucune chaine ne te retient.
— Tiben a raison. Nous ne sommes pas
des ange, loin de là, mais nous suivons notre chemin, et nous sommes ravis de le
faire avec toi à nos cotés, conclu Fluorette avant de reprendre la marche pour
inviter ses compagnons à faire de même.
Il y eut un silence. La tension
était retombée. Michael ne disait plus un mot. Il n’était pas déçu ou en
colère. Il découvrait juste un mode de vie et une philosophie qu’il ne
connaissait pas. Bien sur, en tant que voleur depuis son plus jeune âge, il
n'était pas un exemple de civisme lui non plus, mais jusque là il n'avait
jamais blessé intentionnellement qui que ce soit, sauf pour assurer sa propre
survie. Tout n’était pas comme il l’espérait initialement, mais au fond de lui
il savait qu’il n’aurait voulu être ailleurs pour rien au monde. Cette
aventure, ce goût de l’inconnu, et ce sentiment d’appartenance à une équipe,
lui avait manqué, toute sa vie.
Tiben ressentait encore cette
gêne dans son ventre depuis qu’il avait ingurgité le poison quelques jours
auparavant. Avec l’aide de Michael et grâce à la magie et aux connaissances en
potion de Fluorette, il avait pu s’en sortir vivant, mais une douleur
persistait. Il n’avait pas pour caractère de le signaler et avait décidé de
maintenir une allure vive depuis leur départ. Leur dernier informateur, qui
s’était révélé fort utile, mais qui apparemment ne savait pas voler, leur avait
donné une indication primordiale.
Peut être étaient-ils enfin à
portée de leur objectif. Il ne fallait pas faiblir, pas maintenant, pas après
tout ce chemin, toutes ces épreuves. Quand Fluorette avait parlé de cette
mission à Tiben, il avait longuement hésité. Ce type de requête n’était pas
dans leurs habitudes, et son commanditaire encore moins. Une chose était sûre,
si la décision n’avait pas été immédiate, une fois leur accord donné, il était
évident qu’ils sacrifieraient tout leur temps et leur énergie cette quête.
La mer était à portée de vue, le
bruit de ses vagues commençait à leur arriver.
— Nous y sommes, signifia Fluorette,
donne moi le papier s’il te plait.
Elle tendit sa main vers Michael
qui lui donna le papier sur lequel il avait dessiné les descriptions de
l’informateur.
— Merci. Il nous faut donc trouver
l’amas rocheux correspondant à ce croquis, dit elle en montrant du doigt le
dessin.
— Avec une marge d’erreur non
négligeable, tint à souligner Michael, ce schéma a quand même été fait d’après
une description obtenue sous la contrainte.
— Ne perdons pas un instant alors.
Soyons attentifs ! s’exclama Tiben.
— Pour gagner du temps, nous
devrions nous séparer. La plage s’étire aussi bien à droite qu’à gauche. Je
vais aller avec Michael dans cette direction, toi tu iras dans l’autre, proposa
Fluorette.
Elle donna une fiole à Tiben.
— Si tu trouves la zone que nous
cherchons, brise la fiole et je nous téléporterais sur ta position. Et si nous
trouvons, je te ramène jusqu’à nous, mais pour le coup sans te prévenir, donc
pardon d’avance pour les nausées, s’excusa Fluorette.
— Allons-y, lança Michael dans un
élan de motivation partagé.
**
Il avançait, bien sur ses appuis.
Connaissant bien celui qu’il venait voir, il savait que la partie la plus dangereuse
de son périple commençait maintenant.
Son intuition était la bonne. Il y eut un
sifflement. Vif.
PiR BDA eut à peine le temps de
se décaler sur le coté pour éviter qu’une lame de métal pas plus grande qu'une
poignard ne le transperce de part en part, au niveau du flanc droit.
Cette attaque fut suivi dans le
même temps par une autre. Un autre bout de métal, tranchant, venu de nulle
part, projeté violemment dans sa direction.
Cette fois ci, il eut le temps de
sortir son épée de son fourreau. C’est elle qui dévia le projectile sur le
coté. Les vibrations de son arme après ce choc lui prouvaient qu’une seule
erreur lui serait fatale. Mais il lui
était impossible de faire machine arrière. Il lui fallait avancer. Jusqu’à
atteindre son but.
Le danger suivant ne vint pas de
face, mais du coté droit. La plaque de métal de plusieurs mètres de haut,
plantée dans le sol se détacha brutalement et alla s’écraser violement sur
celle qui était à gauche PiR. Il se jeta vers l’avant pour éviter d’être aplati
entre les deux plaques.
—
Je ne suis pas là pour t’attaquer. Arrête ça tout de suite s’il te plait. J’ai
besoin de ton aide, c’est tout, hurla PiR BDA, conscient que ces attaques
étaient l’œuvre de Gentil Mari.
A peine eut-il terminé sa phrase
qu’il lui fallu esquiver une nouveau projectile, une nouvelle fois avec l’aide
de son épée.
— Ça suffit maintenant. Tu sais très
bien que je ne te veux aucun mal. Je viens te voir en ami.
Un silence. Un calme inquiétant
s’installa. Pas un bruit, pas un souffle. PiR se demanda ce qui allait suivre.
Il était sur ses gardes, prêt à éviter une nouvelle attaque qui pouvait venir
de n’importe quelle direction, sous n’importe quel aspect.
Le temps sembla se figer. PiR
restait sur sa position., mais après un long moment d’expectative et
d’observation, il décida de reprendre sa route. Toujours sur le qui-vive.
Plus rien ne bougeait autour de
lui, ni le sable, ni le vent. Tout semblait comme éteint, figé. Cela ne le
rassurait pas. Mais sans obstacle clairement défini, il avançait.
Finalement, il arriva jusqu’au
lieu de résidence Gentil Mari, sans encombre. Devant lui se dressait une maison
entièrement en métal, totalement asymétrique, comme si des morceaux de métal de
toute taille, de toute forme, de toute couleur avaient été assemblé entre eux.
Cela paraissait aussi brouillon que résistant.
L'une des plaques se souleva,
comme une invitation à entrer. PiR BDA, toujours méfiant, s'y infiltra, plus
que jamais sur ses appuis, prêt à esquiver une nouvelle attaque.
L'intérieur était aménagé comme
un logement classique, seul sa structure tout en métal était surprenante.
Gentil Mari était assis, la main droite posée sur un bloc de métal imposant. Il
était calme.
—
Qu'est ce que tu fais ici ?
—
J'ai besoin de ton aide.
—
Tu sais que je ne me suis pas exilé ici de gaieté de coeur, et encore moins
pour que l'on vienne me voir.
—
Je le sais, et crois bien que si je suis venu jusqu'ici c'est que j'ai éliminé
d'abord toutes les autres solutions. Mais tu n'étais pas obligé d'essayer de me
tuer pour autant.
—
Je ne suis obligé de rien du tout en effet. Même pas de continuer à discuter
avec toi. Alors les remarques de ce genre tu peux les garder pour toi si tu
veux pouvoir développer la raison de ta venue dans cette demeure avant d'en
être expulsé.
PiR BDA savait qu'il n'était pas
en position de force. Il connaissait les capacités de Gentil Mari. Il savait
qu'il prenait un risque majeur en venant jusqu'ici.
Ils s'étaient connus il y
quelques années. Originaires tous les deux du Cälël Toril, PiR BDA était le
plus jeune maitre d'arme du royaume, Gentil Mari, un guerrier discret mais aux
talents reconnus au sein des cälëli. Les deux se connaissaient et se
respectaient. Ils avaient plusieurs fois combattu ensemble et partageait ce
recul vis à vis des ordres venant d'en haut. Sans devenir des mutins, ils
savaient l'un l'autre que leurs bras n'appartenaient qu'à eux et à aucune autre
autorité et que seul le partage de l'avis des décisionnaires motivait leur
allégeance. Gentil Mari était, bien malgré lui, plus connu dans les terres
cälëli. Ses capacités lame en main en avait fait une des icones du royaume. Son
image et les rumeurs, mystiques, mais jamais prouvées qui l'entouraient étaient
d'autant plus exacerbés par sa discrétion et son refus de demeurer entre les
murs des différentes cités. Il avait en effet toujours préféré vivre à distance
des villes. Les dirigeants s'en accommodaient car il répondait toujours
présent, avec la même efficacité, lorsque son aide était requise. Mais la
bataille de Locast changea tout cela. Acculés par un contingent de guerriers
dont l'origine et les motivations restaient un mystère, mais qui avançait sans
laisser de survivant sur son passage vers la capitale, les dirigeants cälelï
décidèrent d'envoyer un imposant régiment pour stopper cette intrusion sur
leurs terres. Sans en être le commandant, Gentil Mari était parmi les hommes
réquisitionnés pour cette contre attaque. La rencontre des deux armées fut
aussi terrible que courte. Les cälëli furent vite dépassés. Beaucoup d'hommes dans
leurs rangs tombèrent dès les premières minutes de l'affrontement.
Le bruit du métal frappant contre
lui même inondait la plaine dont l'herbe devenait de plus en plus rouge. La
défaite était inélutable. Quatre guerriers décidèrent d'attaquer simultanément,
en cercle, Gentil Mari. Il ne pouvait parer toutes ces attaques. Alors que les
lames n'étaient plus qu'à quelques centimètres de lui, il frappe le sol avec
son poing, de toutes ses forces. Les épées se figèrent dans l'espace et dans le
temps. Les guerriers emportés par leur élan, basculèrent soudainement, se
blessant pour certains avec leurs propres armes. Tous les regards se tournèrent
vers cette scène incroyable. Gentil Mari se releva, son regard était devenu
sombre, et son corps semblait dégager une aura démoniaque. Toutes les lames au
sol se mirent à voler dans les airs comme par magie. Elles s'envolèrent, à une
vitesse extrême et se plantèrent dans tous les ennemis restants. La bataille
était gagnée. Malgré cela, aucun cri de victoire. Le pouvoir que Gentil Mari
venait de révéler avait tétanisé de peur les hommes de son propre camp. Il
fallut un certain temps avant que les survivants ne quittent le terrain. Gentil
Mari ne pouvait ignorer les regard emplis de crainte et de méfiance qui le
fixait. Ne participant pas au débriefing avec les dirigeants cälëli, Gentil
Mari retourna à son domicile.
Une semaine plus tard, un
émissaire cälëli frappa à sa porte. Les dirigeants voulaient s'entretenir avec
lui sur les événements de Locast, cela n'était pas une demande mais un ordre
venant des plus hautes autorités. Il refusa, malgré les avertissements de
l'émissaire sur les conséquences de ce choix. Gentil Mari n'aima pas ces
menaces, il était primordial pour lui de garder une certaine distance, depuis
toujours, et d'autant plus depuis qu'il avait révélé ses capacités. Conscient
du danger qu'il pouvait représenter, il avait jusqu'à ce jour décidé de taire
son don. La suite lui prouva qu'il avait eu raison. Les regards, les mains
tremblantes, plus rien n'était pareil quand il retourna pour la première fois
en ville faire quelques achats. Il n'était pas le bienvenue, il ne l'était
plus. Tout avait changé. Alors qu'il rentrait à son domicile, il remarqua un
groupe d'une dizaine d'homme avec qui il avait combattu qui l'attendait. Leurs
ordres étaient de le ramener de gré ou de force pour un entretien avec les
dirigeants cälëli.
La peur qu'il leur inspirait
suintait de leurs armures. A la tête de ce contingent, PiR BDA. Ce dernier lui
proposa un entretien en tête à tête chez lui, ses hommes restants de l'autre
coté des murs de la maison.
Il accepta. PiR BDA lui expliqua qu'il comprenait son
attitude, il ne chercha pas un seul instant à le convaincre de venir. Ils se
connaissaient trop bien. Mais il savait aussi qu'un affrontement serait
probablement la pire des solutions pour tout le monde. Ils s'entretinrent sur
les nouvelles ambitions des dirigeants cälëli suite à la découverte du pouvoir
du Gentil Mari et sur le fait que cela ne pourrait se terminer pacifiquement
dans un sens ou dans l'autre. Il lui proposa de quitter la région, et de se
faire discret, de profiter d'un anonymat sécurisant le temps que tout cela se
tasse. Gentil Mari dût se rendre à l'évidence.
En sortant de la maison, PiR BDA ordonna
à ses hommes de laisser partir Gentil Mari. Mais l'un d'eux refusa. Il expliqua
que les dirigeants cälëli s'attendaient à cette issue et lui avait demandé
d'empêcher cela en prenant la commandement du contingent à la place de PiR BDA
si ce scénario se confirmait. Il aux hommes de les encercler et somma les 2
guerriers de se rendre et de ne pas devenir des ennemis du royaume en s'élevant
contre une décision des autorités. PiR BDA sortit son épée, hurla qu'il faisait
une grave erreur. Gentil Mari regarda l'homme qui s'élevait contre lui et lui
tourna le dos pour partir. L'homme donna l'ordre d'attaquer. PiR BDA tenta de
les raisonner, mais en vain. Gentil Mari se retourna. Leurs armures se
comprimèrent subitement, les empêchant de respirer et de faire le moindre
mouvement. Puis il reprit sa route, sans courir.
Ce fut la dernière fois que les
deux hommes se croisèrent jusqu'à ce jour. Suite à cet événements, Gentil Mari
et PiR BDA quittèrent les terres du Cälël Torildn chacun de leur coté.
—
Il se passe beaucoup de choses ces derniers temps. Qui me dépassent, qui nous
dépassent, reprit PiR BDA.
—
Je le sais, crois moi, je le sais bien. Cela fait des années que je suis ici à
apprendre à développer un pouvoir que j'ai renié trop longtemps. Cela n'a fait
que confirmer à quel point je peux être un danger pour les autres, mais je
perçois aussi certaines choses grâce à lui. Le métal parle. Cela peut te
paraître fou, mais je l'entends, et sa voix n'a pas de limite. Les armes qui se
frappent, les armures qui s'agitent, les fondations qui s'effondrent, celles
qui se dressent. Je ressens tout cela.
—
Je... je ne pensais pas que ton pouvoir était si vaste.
—
Ce n'est pas le sujet. Dis moi ce que tu veux, maintenant que tu es là.
—
Je suis à la recherche d'une bague. Une bague très particulière. Unique. Je
voulais te demander ton aide pour la retrouver. J'ai bien l'impression que malgré mes
connaissances des armes, je risque d'échouer si je tente cela seul. Je n'ai
confiance qu'en très peu de personnes, les rares autres sont déjà engagés dans
des missions dont je ne saurais les détourner.
—Tu
as cru que tu allais me faire reprendre les armes et sortir de la prison et de
la solitude que je me suis moi même imposées ?
—
Oui, et devant l'urgence de la situation, tu m'es apparu comme la meilleure
aide possible.
PiR BDA voyait que son plan
s'avérait encore plus compliqué qu'il ne l'avait prévu. Et le ton inflexible de
son vieil ami lui fit comprendre qu'il ne pourrait obtenir ce qu'il était venu
chercher.
—
Je ne peux pas donner satisfaction à ta requête. Je n'en suis pas désolé. Et
cela n'est pas négociable. Je ne prendrais pas les armes, et je ne quitterai
pas ce lieu. Tu es venu ici pour rien.
Une plaque de métal de la maison
se souleva, il y eut un sifflement, quelque chose se planta dans l'épaule
gauche de PiR BDA.
**
— Je crois que c'est
ici, annonça Michael.
Fluorette regarda de nouveau le
croquis qu'ils avaient dessiné selon la description de leur informateur
désormais boiteux.
— Bien vu, dit elle.
Le relief qu'ils recherchaient
était composé de 4 rochers disposés en losange. D'après leurs indications les
rochers étaient assez visibles, mais en réalité deux d'entre eux dépassaient à
peine la hauteur de la mer.
Sans une recherche des plus attentives ils auraient pu passer
à coté sans les voir des dizaines de fois.
Fluorette lança un sort de
téléportation pour Tiben. Ce dernier surprit par l'effet, se retrouva saisi par
un mal de ventre brutal dont il ne fut soulagé que par une gerbe conséquente.
— C'est pénible quand
même. C'était le premier jour depuis longtemps où j'arrivais à garder un repas,
s'agaça-t-il.
— Je m'excuse, mais
je t'avais prévenu, lui rappela Fluorette.
— Je sais, mais
j'espérais juste que ce serait moi qui trouverait les rochers, cela m'aurait
évité ce désagrément.
— Bon, maintenant
qu'on a trouvé le rocher, qu'est-ce qu'il faut faire ? demanda Michael.
— Apparemment il
faudrait les "activer" pour qu'ils ouvrent un portail qui devrait
nous mener là où se trouve la bague.
— Du moins on
l'espère, conclut Tiben.
— Ne perdons pas plus
de temps. Michael tu grimpes sur ce rocher, et toi Tiben prend celui là, il est
un peu moins immergé, je sais que tu n'aimes pas ça.
— Pas du tout même, rajouta Tiben
qui ne comprenait pas l'attrait des humains pour les baignades et autres enfantillages
aquatiques.
Fluorette monta sur le rocher qui
faisait face à celui de Michael.
Ils étaient désormais tous les
trois en équilibre, les pieds un peu plus dans l'eau pour Fluorette et Michael,
à quelques mètres de la frontière entre la fin de la plage et le début de la
mer.
Fluorette ferma les yeux et
commença à réciter l'incantation que leur avait transmise leur informateur.
Le quatrième rocher coula quasi
instantanément lorsqu’elle eut terminée, comme aspiré par les fonds marins.
Il y eut un léger tremblement,
Fluorette manqua de perdre l'équilibre mais se redressa très vite. Les trois
rochers se mirent alors à décoller du sol, subitement. Ils prirent très vite de
la hauteur, dix, vingt, trente, ils ne s'arrêtèrent qu'à presque quarante
mètres du sol.
Leur trajectoire parfaitement
longiligne ne fit tomber aucun des trois aventuriers malgré l'effet de
surprise.
Les rochers se stoppèrent tout
aussi brutalement qu'ils avaient décollé, ce qui fut plus difficile à gérer.
Cet effet, ajouté à la peur de la chute manqua de faire tomber Fluorette qui se
retrouva à genoux quelques instants avant de réussir à se remettre debout.
Tiben et Michael avaient une agilité certaine qui leur permit de conservant un
semblant de stabilité supplémentaire.
— Ok, alors ça je
n'ai pas aimé du tout, s'exclama Fluorette
— Effectivement,
c'était assez imprévu, rajouta Michael
— Et toujours aucun
portail à l'horizon, nota Tiben
Quatre autres rochers arrivèrent à
leur hauteur. La disposition en losange s’était muée en un octogone irrégulier.
Tiben et Fluorette étaient séparés par deux rochers, tandis qu'un seul s’intercalait
entre Michael et le khajit.
— Ok, très bien,
c'est quoi le délire maintenant ?, s'agaça Tiben.
Il aurait préféré ne pas avoir la
réponse à sa question. Une forme commença à grossir sur le rocher à gauche de
Fluorette. Une boule de terre, volante, mouvante, qui se condensait, et
gonflait, en boucle, jusqu'à faire la taille de presque deux humains. Elle se
sculpta progressivement pour laissa apparaître un golem.
Fluorette eut un rire nerveux.
Elle sauta sur le rocher à sa droite pour s'éloigner un peu du golem qui ne
tarda pas, une fois sa mise en forme terminée, à se fixer sur elle.
Il sauta avec une aisance
déconcertante sur le rocher qui le séparait de Fluorette et amorça une attaque
avec son bras droit.
Tiben surgit d'un bond pour le
couper dans son attaque. Son intention était de le faire tomber mais le golem
ne bougea pas d'un centimètre malgré l'élan du khajit. Cependant cela
interrompit son attaque et permit à Fluorette de se décaler d'un rocher
supplémentaire.
Michael fit de même pour lui
laisser de la marge en cas de besoin.
Tiben sauta du golem jusqu'au
rocher adjacent, sur la gauche de sa position, là où il était apparu
initialement, son but était clairement de l'éloigner de Fluorette.
Michael lança un couteau en
direction du golem, mais il fut absorbé, dévoré par les entrailles du golem qui
le renvoya immédiatement en direction de l’envoyeur. Michael l'esquiva in
extremis en se laissant tomber du rocher, ne se retenant que par les bras avant
de se hisser à nouveau.
— Ok, alors on va
oublier cette approche, ironisa-t-il.
— Et du coup, comment
on se débarrasse de cette chose ? demanda Tiben qui semblait était devenu la
prochaine cible du golem.
— C'est un golem
d'argile, ça me semble assez compliqué. C'est la première fois que j'en vois
un. Et ce que j'en connais ne provient que de légendes anciennes, expliqua
Fluorette.
— Ce sera toujours
mieux que rien, rétorqua Michael.
Tiben tenta une nouvelle
projection, espérant avoir plus de réussite que la dernière fois. Les deux
pieds en avant, il s'élança de toute sa puissance vers la tête du golem. Mais
ce dernier ne flancha toujours pas. Pire, il lui attrapa la queue et le projeta
vers Fluorette.
Elle tomba sous le choc, et n’était
plus retenue que par Tiben qui s'était lui-même agrippé miraculeusement avec
son autre main au rocher.
Michael comprit que s'il ne
détournait pas l'attention du golem ses amis ne pourraient survivre à une
prochaine attaque tant qu'ils ne seraient pas de nouveau debout chacun sur un
rocher.
Il sauta un rocher, puis un
autre.
— Viens par là un peu
toi si t'es un... euh... golem !
On pouvait sentir la peur dans
son intimidation maladroite. Mais rien ne pouvait le détourner de son élan. Fluorette
et Tiben étaient ses amis et il était prêt à risquer de chuter pour les
protéger.
Le golem se tourna vers et
projeta son poing qui s'allongea jusqu'à Michael.
Il y eut un coup, puis deux, puis
trois. Il les esquiva les uns après les autres, tentant de mettre des petits
coups de couteau au passage, mais sans réussite.
Finalement, en faisant une
nouvelle parade, il remarqua que sa contre-attaque laissa pour la première fois
une marque sur le bras du golem qui rétracta aussitôt son membre.
Sa lame était rouge vif, et
dégageait une chaleur extrême qu’il pouvait ressentir depuis le pommeau. Un
rapide coup d'oeil vers Fluorette lui permit de comprendre, que remise sur son
rocher, la magicienne utilisait ses pouvoirs pour chauffer sa lame à blanc afin
de réussir à blesser leur ennemi.
— Il doit y avoir une
inscription sur lui. Il faut la trouver, conseilla Fluorette à Tiben.
— Je vais voir de
plus près, dit il.
— Très bien mais fais
attention à toi.
— Tu me connais.
— Justement.
Tiben se rua de nouveau sur le
golem, la queue bien collée au corps cette fois. Il le parcourut sous tous les
angles, tentant de le griffer au passage. Évitant ses tentatives de prise par
des changements rapides et agiles de position.
— Sur la base de la
nuque ! hurla-t-il.
— Qu'est ce qui est
marqué ? demanda Fluorette
— Un triangle
bizarre, deux ronds l'un dans l'autre et une espèce de feuille
Fluorette se concentra. Elle
essayait de bien visualiser ce que lui décrivait Tiben.
Le khajit se projeta alors loin
du golem conscient qu'il ne pourrait esquiver éternellement ses attaques.
— J'ai compris,
s'exclama Fluorette, c'est de l'Yggdral ancien. Ça veut dire vérité.
— Ok, génial, et
maintenant on fait quoi ? demanda Michael
— Il faut dessiner un
cercle avec un point central juste après le dernier signe, dit-elle.
— Michael, je
détourne son attention, toi tu utilises ta lame pour lui graver ça sous la
nuque, proposa Tiben
— Ok !
— Alors, monsieur le
caillou vivant, comme ça on veut nous faire faire le grand saut ? plaisanta
Tiben en sautant de nouveau sur le golem. Cette attaque obligea le monstre à
tourner le dos au jeune voleur. Le golem qui avait comprit les déplacements de
Tiben l'attrapa au vol cette fois.
Mais Michael se jeta sur lui, s'accrocha
tant bien que mal et planta le bout de sa lame dans la bas de sa nuque pour y
graver le cercle.
Le golem avait saisi Tiben avec
ses deux mains et le portait au dessus de sa tête.
Il l'abaissa subitement vers son
genou pour lui briser le dos, mais fut interrompu dans son attaque. Il lacha
Tiben qui sauta jusqu’au rocher le plus proche.
Le golem poussa un cri rauque
avant de tomber à la renverse.
Michael, qui n'avait pas pu
trouver l'élan s'en détacha et tomba avec lui. Mais Fluorette pu le maintenir
quelques secondes dans les airs pour que Tiben l'attrape à son tour et
l'empêche de s'écraser quarante mètres plus bas.
— Beau travail
d'équipe, rigola Michael encore un peu sous le choc des derniers instants.
Les trois aventuriers
remarquèrent que les rochers étaient désormais liés par des filaments jaunes
qui convergeaient vers le centre de la structure qu'ils formaient.
Il y eut une grande lumière et un
portail géant apparut devant eux, un portail octogonal et horizontal couvrant
tout l'espace entre les rochers.
— Je crois qu'il va
falloir sauter, annonça Fluorette.
**
— Qu'est ce que... , PiR BDA fut
saisi par la douleur.
Gentil Mari ne comprit pas ce qui
venait de se passer. Comment avait-il pu être pris au dépourvu ? Comment
quelqu'un avait pu venir jusqu'à son repère sans qu’il ne sente sa présence ?
Deux silhouettes apparurent dans
la maison de Gentil Mari. Ce dernier lança une petite plaque de métal pointue
vers l'une des deux silhouettes, mais en vain, l'objet fut stoppé dans sa
course.
— Tu ne devrais pas
bouger davantage monsieur le mage de métal dit une voix féminine.
Gentil Mari sentit que son
pouvoir était contenu. Mais il savait en retour que celle qui le neutralisait
se bloquait elle-même en contre partie.
— C'est toi que nous
voulons, l'autre ne nous sert à rien dit elle.
La deuxième silhouette, qui se
révéla être aussi une femme s'avança vers PiR BDA.
— Tu as aimé mon
petit cadeau ? demanda-t-elle en le regardant droit dans les yeux.
— Comment êtes vous
arrivées ici ? les interrogea Gentil Mari.
— Tout simplement en
suivant ton ami, à distance, et en nous débarrassant de tout ce que nous
pouvions porter de métallique sur nous pour que tu ne puisses pas nous sentir
arriver. Nous te cherchions depuis quelques temps. Nous avons mis du temps à te
trouver, mais la réputation qui te précède n'est en rien usurpée. Je suis
impressionnée. Cependant cela ne m'empêchera pas de te tuer si tu ne fais pas
ce que je te demande.
Lara Cockroft et Mémédoc
portaient uniquement des vêtements en tissu, aucun bijou, aucun ornement.
Mémédoc avait deux lames taillées dans du bois, accroché à sa ceinture en tissu.
La troisième était dans la main de PiR BDA qui venait de l'extraire de son
épaule.
Mémédoc l'attaqua pour lui
asséner le coup de grâce mais PiR BDA para habilement l’assaut et lui donna un
double coup de pied dans le ventre. Profitant de son avantage il se glissa
derrière elle et vint poser sa propre lame sous la gorge.
— Vous ne devriez pas
prendre de haut vos adversaires, ironisa Gentil Mari
— Maintenant ça
suffit, vous allez nous dire qui vous êtes et ce que vous venez faire ici,
s'énerva PiR BDA.
— Oh, du calme joli
garçon, rigola Lara Cockroft, comme je l'ai dit nous sommes là pour votre ami.
Il sait où est la bague que nous cherchons, et surtout il est le seul à pouvoir
nous y emmener.
— Vous... vous aussi
? Mais... alors c'est vous qui avez attaqué le roi Nico D ?
— Tout à fait. Dis
donc, tu comprends vite. Je vois que cette bague attire toutes les convoitises.
Mais cela ne m'intéresse pas. Toi, le mage de métal, tu peux sentir cette
bague, tout comme moi, alors tu sais où nous devons aller pour la récupérer, et
tu sais aussi qu’il va me falloir ta participation, expliqua Lara Cockroft.
— Hors de question
que je fasse cela, si aucun portail autre que les siens ne peuvent mener à son
repère ce n'est pas pour rien, répondit Gentil Mari, de plus je ne vois aucune
raison de vous aider. Votre amie est en mauvaise posture, quand à nous, nous
nous neutralisons l'un l'autre.
— Tu crois ça ? dit
une troisième voix féminine qui surgit derrière PiR BDA et lui porta un coup
violent derrière la tête
— Comme tu peux le
voir, nous ne sous estimons rien du tout mage de métal, rétorqua Lara Cockroft.
— C'est qu'il est pas
mal le jeune homme, remarqua Zoralie en regardant PiR BDA inconscient, tandis
qu'elle tendit la main à Mémédoc pour l'aider à se relever, il pourrait faire
un parfait remplaçant pour Qffwffq.
— Ce n'est pas faux,
rigola Lara Cockroft, malheureusement, j'ai peur que nos chemins ne se
séparent.
Elle fit signe à Mémédoc de ne
pas le tuer, alors que cette dernière venait de ramasser son couteau au sol, et
semblait prête à se venger de l'affront dont elle avait été victime.
— Pas maintenant.
Nous avons un autre objectif plus important, expliqua Lara Cockroft.
Zoralie se tourna vers Gentil
Mari et utilisa son pouvoir pour faire basculer l'équilibre qui les
neutralisait Lara et lui.
Lara, de nouveau libre d'utiliser
ses pouvoirs à sa guise, s'approcha de Gentil Mari.
— Tu vas gentiment me
donner la main et me permettre d’ouvrir ce portail. Tu n'as pas le choix. Enfin
si, tu peux refuser, mais je trouverais bien un autre moyen de m'y rendre,
après t'avoir tué.
Gentil Mari dût se rendre à
l'évidence.
— Très bien, je vais
t'aider, mais celle qui t'attend là-bas sera une adversaire bien plus coriace.
Et je ne pleurerai pas votre mort certaine.
— Trève de bavardage
mage de métal, dit Lara Cockroft qui commençait à s'impatienter.
Elle prit la main de Gentil Mari,
que Zoralie maintenait toujours sous son pouvoir, et récita une incantation en
Yggdral ancien.
Le sol se mit à trembler, de plus
en plus fort. Les plaques de métal qui composaient la maison claquaient les
unes sur les autres.
Un portail se forma, de petite
taille, puis commença à s'agrandir, jusqu'à faire la taille d'un humain.
Lara lâcha alors la main de
Gentil Mari qui tomba au sol, épuisé.
— Allons-y, dit la
magicienne à ses deux consœurs.
**
— C'est sympa ici,
mais un peu sombre non ? tenta Michael pour détendre l'atmosphère.
— On ne voit
absolument rien, mais en tout cas je n'entends plus le bruit de la mer, et je
n'ai plus la sensation que nous soyons à plusieurs dizaines de mètres de
hauteur, se rassura Fluorette.
— Par contre, je sais
pas vous, mais moi j'arrive plus à bouger du tout, s'inquiéta Tiben.
— Je confirme.
— Moi aussi non plus.
Une légère lumière commença à
s'imposer. Les 3 aventuriers purent voir qu'ils étaient dans une sorte de
grotte.
— Vous avez eu raison
de mon golem. Je vous félicite. Mais j'espère pour vous que vous êtes arrivés
ici par erreur.
La voix agée et graillonnnante qui venait de
prononcer ces mots venait d’une ombre à peine visible, qui se révéla à la
lumière en s’approchant d’eux
Petite, dans une robe noire trainant un peu au sol, le
visage marqué par le temps, Fluorette la reconnut tout de suite. Ses cheveux bleus et son avant bras droit
dénudé qui révélait un tatouage unique, un chat borgne ne lui laissait plus
aucun doute. Elle se sentit envahi par un vent de panique.
— Oh... non.
Le ton qu'elle utilisa inquiéta
Tiben qui la connaissait trop bien pour savoir que cela n'augurait vraiment
rien de bon.
**
PiR BDA reprit connaissance. Il
vit Gentil Mari allongé sur le sol, à bout de force. Le portail était encore
ouvert.
— Que s'est il passé
? demanda-t-il.
— Ce serait trop long
à t'expliquer, le portail va bientôt se fermer. Est-ce que tu veux vraiment
retrouver cette bague ?
— Oui.
— Au prix de ta vie ?
— S'il le faut oui.
— Dans ce cas prend
ce portail, n'attends pas. Mais prépare-toi à mener ton dernier combat.
— Mais pourquoi ? Je
ne comprends pas.
— Le portail se
referme, plonge. C'est maintenant ou jamais. Moi je ne peux pas et je ne veux
pas t'accompagner.
— Très bien, mais je
reviendrai, je te le promets.
PiR BDA disparut dans le portail
qui se referma juste derrière lui.
Gentil Mari rigola en repensant à
la dernière phrase de PiR BDA. Alors que plus personne n'était présent, il lui
répondit tout de même.
— C'est gentil, mais
pour cela, encore faut il que tu survives à ta rencontre avec Le Bagage.
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