C’est le 1er mars 1810 que la Pologne voit naitre l’un des plus grands compositeurs classiques du XIXème siècle. Né d’une mère polonaise et d’un père français, Frédéric Chopin aura une enfance choyée dans un milieu cultivé, profitant de la position de son père, précepteur des enfants de la comtesse Louise Skarbek. Puis la famille Krzyzanowska-Chopin déménage à Varsovie où Frédéric reçoit de sa mère ses premières leçons de piano, avant d’être confié à Adalbert Zwyny qui lui transmettra sa passion pour Bach et Mozart. Chopin continuera, ardemment, à développer son art tout en continuant ses études au lycée de Varsovie. L’année de ses 15 ans sera pour lui le point de départ de sa future carrière avec deux concerts devant le Tsar, et la publication de sa première œuvre, lePremier Rondo en ut mineur (http://dai.ly/xfymam).
De 1826 à 1829, Chopin passera par le Conservatoire de Varsovie où sa grande activité créatrice se heurtera aux obligations de ses professeurs et aux deux grandes formes de la tradition musicale classique, le concerto et la sonate. Ce qui n’empêchera pas le jeune compositeur de concevoir la sonate en ut mineur, opus 4. (http://www.deezer.com/track/6863489)
Un an après être sorti du conservatoire, Chopin composera deux de ses pièces les plus connues et reprises, les 2 concertos pour piano, concerto n°1 en mi mineur, opus 11(http://www.youtube.com/watch?v=LPa7jjeKVR4 ), et concerto n°2 en fa mineur, opus 21(http://www.youtube.com/watch?v=G6hz88RL9pI), que l’on sent encore imprégnées de sa formation, avec malgré une maitrise évidente, une sensation d’inadéquation avec la forme utilisée.
Cependant, peu avant cette époque, il commençait à s’affirmer progressivement avec son style personnel notamment via deux variations assez marquantes, la variation sur un thème national allemand (http://www.youtube.com/watch?v=jZ3Yx5d5W1k) et Variations pour piano et orchestre sur Là ci darem la mano de Mozart en si bémol majeur (http://www.youtube.com/watch?v=IFf8ynNeIfM) à propos de laquelle Schumann écrira en 1831 « Chapeau bas, messieurs, un génie. » dans l’Allgemeine Musikalische Zeitung.
Dans les compositions marquantes de cette même période, vers la fin du Conservatoire, on notera deux Rondo où la culture polonaise de Chopin se fait ressentir, le Rondo à la Mazur, opus 5 (http://www.youtube.com/watch?v=LuGonko-Wuk) et le Rondo à la Krakoviak, opus 14 (http://www.youtube.com/watch?v=OEXimFK0bU8).
Vers 1828, Chopin effectuera ses premiers voyages hors de sa terre natale et découvrira des merveilles lyriques comme la Cenerentola de Rossini (http://www.youtube.com/watch?v=sllhVK2_Gug) ou la Dame Blanche de Boïeldieu (http://www.youtube.com/watch?v=5xwSQY09IkY). Durant son périple et peu après son retour, il inscrira un peu plus le folklore natal dans sa création avec des œuvres comme la Polonaise en ré mineur, opus 71(http://www.youtube.com/watch?v=XF85zCRe9ao), la Mazurka en mi mineur, opus 17(http://www.youtube.com/watch?v=PJKbcUS_GXY), et la sublime (mais je ne suis pas impartial) Nocturne en mi mineur (http://www.youtube.com/watch?v=vJpAIOFN5WQ).
De retour de voyage, Chopin donnera son premier grand concert public en mars 1830, faisant l’unanimité auprès du public et de la critique. Dès lors, il décide de perfectionner son art par un voyage d’études à l’étranger. Le 2 novembre 1830, Frédéric Chopin quitte la Pologne pour Vienne. 3 semaines après, éclate l’insurrection nationale polonaise à Varsovie, qui poussera le jeune compositeur à vouloir revenir sur ses terres natales, mais finalement sa faible santé l’en dissuadera. Moins d’un an après, il quitte l’Autriche pour Paris, tandis que l’insurrection polonaise est réprimée par les assauts des troupes russes aboutissant à la chute de Varsovie. Très affecté par ces événements, et rongé par la culpabilité de ne pouvoir aider ses compatriotes, Chopin composera l’étude en ut mineur, opus 10, « la Révolutionnaire » (http://www.youtube.com/watch?v=s2-t4RsT_l8), dans laquelle Schumann dira entendre « des canons cachés sous des fleurs ».
Dès son arrivée à Paris, Chopin se plait dans une ville où les sympathies pour la révolution polonaise sont bien plus ferventes qu’à Vienne. Le climat et la liberté ambiante de l’époque, lui permettent de subvenir à ses besoins en donnant des cours de piano à l’élite cultivée de la capitale. Il obtiendra un crédit illimité de l’aristocratie parisienne suite à son premier concert salle Pleyel en 1832, notamment après l’interprétation d’une œuvre déjà abordée plus haut, les Variations pour piano et orchestre sur Là ci darem la mano de Mozart en si bémol majeur. Par la suite, Chopin croisera d’autres grands compositeurs de l’époque comme Rossini, Liszt ou Mendelssohn qui le pousseront à devenir son propre professeur pour développer davantage sa propre approche du piano. Liszt ira jusqu’à écrire sur son ami, dans la monographie qu’il lui consacrera « En se renfermant dans le cadre exclusif du piano, Chopin fit preuve d'une des qualités les plus précieuses dans un grand écrivain et certainement les plus rares dans un écrivain ordinaire: la juste appréciation de la forme dans laquelle il lui est donné d'exceller. » (vous trouverez la monographie complète en ebook via ce lien http://www.gutenberg.org/files/21669/21669-h/21669-h.htm)
Suite à ce conseil avisé de ses pairs, Chopin s’affirmera davantage dans son œuvre et composera douze Etudes, opus 10, dédiées à Franz Liszt (http://www.youtube.com/watch?v=_6xSap5Nppg). Ces douze œuvres, qui semblent présenter toutes les finesses et les possibilités du piano et du jeu, furent elle-même interprétées par Liszt. Ce dernier n’exagèrera pas, quand, dans sa monographie il écrira : « C'est à lui que nous devons l'extension des accords, soit plaqués, soit en arpèges, soit en batteries; les sinuosités chromatiques et enharmoniques dont ses pages offrent de si frappants exemples, les petits groupes de notes surajoutées, tombant comme les gouttelettes d'une rosée diaprée par-dessus la figure mélodique. »
En 1835, Chopin va retrouver ses parents à Carlsbad après 5 ans de séparation. Sur le retour, il passera par Dresde et retombera sur Maria Wodzinska, qu’il avait connu dans sa jeunesse, avec qui il passera quelques jours en toute amitié selon leurs dires, ce qui parait un doux euphémisme quand on écoute la Valse en la bémol majeur n°1, opus 69, « de l’Adieu », (http://www.youtube.com/watch?v=hlzF_jLZOL4 ) que Chopin lui offrira avant de rejoindre Paris.
Vers la fin de cette même année, Chopin souffrira d’un épisode d’hémoptysie, premier révélateur d’un mal qui le suivra en progressant inexorablement jusqu’à la fin de sa vie, la tuberculose.
En 1836, peu avant de retourner à Dresde pour se fiancer avec Maria (je vous l’avais bien dit !), il composera la Première Ballade en sol mineur, opus 23,(http://www.youtube.com/watch?v=b6VxVmt6UOA). Ses fiançailles avec la jeune demoiselle Wodwinska resteront secrètes à la demande de la famille, signe avant coureur d’un mariage qui n’aura jamais lieu, en raison de disparités sociales et d’une santé précaire du jeune artiste qui poussera la famille de la future non mariée à revenir sur leur parole. Très affecté par cet évènement, Chopin marquera sur le paquet des lettres échangées avec sa fausse promise « Moja Bieda » (mon malheur).
De retour à Paris fin 1836, Chopin y fera la connaissance de George Sand, qui lui sera présentée par son ami Franz Liszt et Marie d’Agoult. Il composera d’ailleurs pour cette dernière, douze études en 1837 (http://www.deezer.com/fr/album/6275667). La plus marquante selon moi étant l’étude n°12 en do mineur (http://www.youtube.com/watch?v=5M2PO4f5Y7k).
Fin juin 1838, naitra alors une liaison entre George Sand et Frédéric Chopin, mais très vite devant la fragile santé de son bien aimé, Amantine Aurore Lucile Dupin, de son vrai nom, sera plus pour lui une sœur au rôle maternel. Elle lui conseillera un séjour aux Baléares au monastère de Valdemosa, partant avec lui. Sur place, malgré un effet minime voire contre productif de ce séjour sur sa santé, Chopin travaillera beaucoup et composera des œuvres majeures de son répertoire comme la ballade en fa majeur, opus 38(http://www.youtube.com/watch?v=FilquAnO6zY), la Polonaise en la majeur , opus 40(http://www.youtube.com/watch?v=PC9-35ZPKn8), la Nocturne en sol mineur, opus 37(http://www.youtube.com/watch?v=PC9-35ZPKn8), et la prémonitoire (surtout pour son troisième mouvement) sonate en si bémol mineur, opus 35 (http://www.youtube.com/watch?v=tYH28CzBZaM). Mais l’état de santé du compositeur s’aggrave de jour en jour, avec de faibles améliorations comme lors de son premier voyage à Marseille. Dès lors Chopin passera tout son temps avec George Sand, l’hiver à Paris, et l’été à Nohant, lieu où il terminera la nocturne en si majeur, opus 70 (http://www.youtube.com/watch?v=hCBl_MXjfr0).
La Nocturne, genre crée par John Field, aura vraiment trouvé son parfait auteur en la personne de Frédéric Chopin qui par la technique de l’esquissé et du voilé lui rendra le plus beau des hommages et la plus belle des vitrines.
En 1844, la perte de son père affectera beaucoup le compositeur déjà peu en forme. Ce qui ne l’empêchera pas sur les deux années suivantes de créer des œuvres comme les trois mazurkas, opus 59 (http://www.youtube.com/watch?v=cyU1dhpYK7U) ou les deux nocturnes en en si majeur, mi majeur, opus 62 (http://www.youtube.com/watch?v=4Ai77TJrmj4).
En 1847, George Sand publie Lucrezia Floriani, où l’héroïne meurt de chagrin à cause de la jalousie et de l’ingratitude de son amant, que Chopin ne tardera pas à prendre comme un message personnel, tout en feignant de ne pas être visé. Leur relation prendra d’ailleurs fin cette même année, qui verra aussi le dernier concert de l’artiste, chez Pleyel.
Peu de temps après, Chopin quittera la France pour Londres, afin de laisser son passé derrière lui, mais le climat londonien aura vite raison de sa santé, ce qui le poussera à revenir sur ses pas.
En 1848, accablé physiquement par la maladie, et financièrement par les dettes, Chopin composera ses deux dernières œuvres, dans un état de fatigue physique et morale terrible,Mazurka en sol mineur n°2, opus 67 (http://www.youtube.com/watch?v=3T_qLVcikjQ) etMazurka en fa majeur, n°3, opus 68 (http://www.youtube.com/watch?v=dGA8YFzHAys).
Il décèdera le 17 octobre 1849 à Paris, sa sœur à son chevet. Il sera inhumé au Père Lachaise, tandis que son cœur sera transféré à sa demande à l’Eglise Sainte Croix de Varsovie révélant ainsi sa souffrance silencieuse de vivre loin de son pays.
A ce propos, et afin de terminer, il me semblait opportun de citer une dernière fois la monographie de Liszt à son sujet « Chopin sera rangé au nombre des premiers musiciens qui aient ainsi individualisé en eux le sens poétique d'une seule nation, indépendamment de toute influence d'école. ».
très bon post merci !
RépondreSupprimer- dans les concerti en mi et fa, l'orchestre ne sert que d'écrin au piano. De là le sentiment de déséquilibre dont vous parlez. C'est vrai que la partie d'orchestre est moins développée mais elle tient le coup. La partie piano est un émerveillement de chaque mesure et la source d'inépuisables joies pour tout pianiste.
- Avant de publier le rondo à la mazur, Chopin avait écrit quelques polonaises, notamment dès l'âge de 7 ans. Il était un authentique prodige, au même titre que Mozart, et leur musique d'ailleurs se rapproche, ce que Schumann disait: "Si Mozart avait vécu à notre époque il aurait composé des pièces dans le style de Chopin"
- Chopin ne désirait pas partir s'installer à Londres, il se sentait trop malade et sa vie était à Paris. Il s'agissait bel et bien d'un voyage, très entouré ,des soeurs Stirling qui étaient dévouées au compositeur. "Elles finiront par m'étouffer avec leur gentillesse, et moi par gentillesse, je les laisserai faire".
- On vient de retrouver une nouvelle photographie de Chopin, du moins le suppose t-on, qui serait la même que celle prise par Bisson en 1849, mais sous un angle différent. Grande tristesse et grande souffrance dans le regard.