Mais il n’y a pas eu que du négatif pendant ces 6 mois. Mes
co-internes, mes premiers co-internes, quelle découverte. Une équipe de choc de
8 internes de premier semestre avec des caractères allant du tout au tout, mais
toujours un soutien sans faille entre nous. C’est peut-être ce qui nous a
permis de tenir les 6 mois. Outre le soutien, le simple fait de savoir que l’on
n’est pas le seul à ressentir les angoisses, la fatigue accumulée qui nous
faisait parfois pleurer dans des box, au staff le matin, ou avant d’arriver en
stage, le stress, de savoir que les autres aussi font des erreurs, c’est
extrêmement salvateur et rassurant, et du coup on est moins réticent à l’idée
de parler des nôtres. Cette amitié est d’ailleurs toujours d’actualité au
moment où j’écris ces lignes. Je n’oublierais jamais le regard échangé avec une
de mes co-internes, un matin au staff, nous avions tous les deux enchainés plus
de 15 jours sans repos, et voilà que la responsable de l’orientation des
patients à hospitaliser se plaint auprès de l’une des chefs d’enchainer son 5ème
jour de suite, après quoi elle a droit à une Ola de la part des chefs présents en salle de staff. C’est à ce
moment précis, quand nous avons croisé nos regards que nous avons réalisé à
quel point tout cela était risible, presque pathétique.
Les chefs, il y en avait de toute sorte, un vrai échantillon
représentatif, le tire-au-flanc, la fausse gentille, la stressée pathologique,
le trop calme, le détaché de tout, le bordélique, la motivée, la souriante en
toute circonstance, le consciencieux, l’anxio-dépressif et j'en oublie surement.
Ce qu'ils avaient tous en commun c'est l'impression quotidienne qu'ils renvoyaient de ne pas aimer leur travail. Vous
prenez ça 6 jours sur 7 par semaine, avec une prise en charge différente pour
un même problème d'un chef à l'autre, une incompréhension totale de leur part
de notre désarroi devant cette méthode d'apprentissage, le tout saupoudré d’une ambiance très variable,
sur des données qui nous dépassaient complètement, nous internes, avec des
conflits de chefferie et vous avez votre premier début de dépression sur votre
premier semestre et vous obtenez, non pas du pudding à l’arsenic, mais de quoi
ruiner tout vocation à devenir urgentiste.
Je n’oublie pas bien sur l’infirmière en fin de carrière,
celle dont l’aigreur n’a d’égale que celle d’un verre de lait tourné depuis une
bonne semaine. Qui le premier jour, au moment où l’on vous présente à l’équipe
soignante n’a comme mot de bienvenue que « génial, on nous colle des
nouveaux alors que les anciens commençaient à peine à bien faire leur
travail ». On croit que ce type de personne n’existe que dans les séries,
et un jour on rentre dans le monde du travail et on réalise que certains
arrivent vraiment à se supporter eux-mêmes avec ce type d’attitude et de
caractère. Elle est de loin, de très loin, ce qui me manque le moins depuis que
le stage est fini. Je chercher d’ailleurs à savoir quand a lieu son pot de
départ. Je compte bien venir avec une bouteille de champagne millésimée parce
que certain départ se fêtent plus que d’autres. M’arrêter à cette personne pour
parler de l’équipe soignante serait une grave erreur, car il n’y avait pas que
tatie Danielle, et la grande majorité du reste de l’équipe soignante était
vraiment bien, prête à nous aider en cas de doute, souriante, peu stressante
avec nous, internes de premier semestre, parfois à l’écoute quand tout allait
mal. Je préfère de loin me rappeler
cette partie de l’équipe
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