vendredi 4 septembre 2015

ECG surprise (urgences adultes)

La médecine c’est aussi de l’imprévu, on pense qu’on commence à voir venir les choses, on se sent plus confiant après quelques mois, on repère plus facilement les patients « à risques », mais rien n’est plus imprévisible qu’un patient. Rien. Je me souviens de cette patiente consultant pour une constipation, avec comme antécédent un diabète insulino-dépendant. Il était 17H45 et une de mes co-internes me proposa de l’accompagner faire son ECG, histoire de faire quelque chose en attendant 18h pour ne pas risquer de prendre un nouveau dossier qui s’avèrerait probablement être chronophage et nous faire terminer beaucoup plus tard que prévu. Quand je me remémore ce moment, je revois parfaitement le visage de ma co-interne se décomposer quand la feuille de l’ECG a commencé à sortir de l’appareil, révélant une flagrante onde de Pardee diffuse, signant un infarctus du myocarde en direct. « Surement un bug, on va en faire un deuxième » proposai-je. Evidemment, même résultat.

La patiente ne se plaignait d’aucune douleur, nous avons tenté tant bien que mal de garder un calme apparent tout en sortant pour vite aller demander l’aide d’un chef. La patiente est alors très vite partie pour une prise en charge cardiologique adaptée, mais cela n’a pas suffi et elle est décédée dans les heures qui ont suivi. Ce fut une vraie claque. Comment, alors qu’elle consultait pour une constipation, s’est-elle retrouvée à faire un infarctus, initialement asymptomatique, découvert sur un ECG à la justification non classique, pour qu’aucun final, alors que le diagnostic a pu être posé, ne pas s’en sortir ? Cet évènement m’a permit de réaliser pour la première fois que, avec ou sans blouse, nous ne contrôlons rien.

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