vendredi 4 septembre 2015

L'enfer c'est les autres (urgences adultes)

Ce semestre fut difficile pour plusieurs raisons. La découverte du monde du travail, ce monde où contrairement à ce que l’on a connu jusque-là on ne choisit pas son entourage, les inéluctables conflits, où notre position d’intermédiaire entre le patient demandeur (avec plus ou d’insistance et de diplomatie) et le chef décideur nous laisse sans réelle défense au milieu d’une situation où nous ne contrôlons rien. Dire non, voila quelque chose de difficile. Ce n’est pas inné pour tout le monde de savoir dire non. Bien sur c’est facile de l’extérieur de critiquer et de dire « moi je lui aurai pas fait un arrêt de travail » « avec moi, jamais il n’aurait pu rentrer chez lui en ambulance ». Mais quand votre salle d’attente est pleine, que vos cernes chatouillent votre menton, que vous en êtes à plus de 65 heures de travail cette semaine, il arrive que vous cédiez de manière un peu complaisante, un peu lâche, un arrêt de travail ou un bon de transport. Parce que vous n’avez pas le temps de gérer un colérique capricieux qui vous dit qu’il ne sortira pas de votre box de consultation sans son arrêt, parce que vous n’avez pas l’énergie de parlementer avec ce béotien (parce que connard ce serait injurieux) qui veut une ambulance pour rentrer chez lui parce que son entorse l’empêche de marcher alors qu’il est venu à pied aider par des amis, et qui vous attrape par le bras en vous fixant droit dans les yeux et en vous traitant d’enculé (ce qui est injurieux). Ce philistin a qui vous rêvez de décrocher la mâchoire parce que c’est le 4ème de la journée à vous faire perdre votre temps pour ce genre de chose, alors qu’il n’est même pas 16 heures. Alors vous acceptez, et au final, tout ce que vous récoltez c’est son mépris et votre colère contre vous-même, d’être allé à l’encontre de vos convictions, de vous être renié juste pour avoir la paix et pouvoir continuer votre travail.

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