Ce semestre fut difficile pour plusieurs raisons. La
découverte du monde du travail, ce monde où contrairement à ce que l’on a connu
jusque-là on ne choisit pas son entourage, les inéluctables conflits, où notre
position d’intermédiaire entre le patient demandeur (avec plus ou d’insistance
et de diplomatie) et le chef décideur nous laisse sans réelle défense au milieu
d’une situation où nous ne contrôlons rien. Dire non, voila quelque chose de
difficile. Ce n’est pas inné pour tout le monde de savoir dire non. Bien sur
c’est facile de l’extérieur de critiquer et de dire « moi je lui aurai pas
fait un arrêt de travail » « avec moi, jamais il n’aurait pu rentrer
chez lui en ambulance ». Mais quand votre salle d’attente est pleine, que
vos cernes chatouillent votre menton, que vous en êtes à plus de 65 heures de
travail cette semaine, il arrive que vous cédiez de manière un peu
complaisante, un peu lâche, un arrêt de travail ou un bon de transport. Parce
que vous n’avez pas le temps de gérer un colérique capricieux qui vous dit
qu’il ne sortira pas de votre box de consultation sans son arrêt, parce que
vous n’avez pas l’énergie de parlementer avec ce béotien (parce que connard ce
serait injurieux) qui veut une ambulance pour rentrer chez lui parce que son
entorse l’empêche de marcher alors qu’il est venu à pied aider par des amis, et
qui vous attrape par le bras en vous fixant droit dans les yeux et en vous
traitant d’enculé (ce qui est injurieux). Ce philistin a qui vous rêvez de
décrocher la mâchoire parce que c’est le 4ème de la journée à vous faire perdre
votre temps pour ce genre de chose, alors qu’il n’est même pas 16 heures. Alors
vous acceptez, et au final, tout ce que vous récoltez c’est son mépris et votre
colère contre vous-même, d’être allé à l’encontre de vos convictions, de vous
être renié juste pour avoir la paix et pouvoir continuer votre travail.
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