Certains patients, certains cas de figure m’ont plus marqués
que d’autre sur ces six mois. Mais baigné dans le stress, stress de ne pas
savoir, stress de mal faire, stress de trop demander de l’aide et de ne pas
assez s’autonomiser, stress de la salle d’attente noire de monde où les gens
s’énervent, il y a énormément de chose dont je ne me souviens plus.
J’ai le souvenir de cette garde du 31 décembre, ma compagne
l’avait prise aussi, mais en tant qu’externe. Un rush sans pause empêcha tout
le monde de se poser pour fêter la nouvelle année, ne serait-ce que 20 minutes.
Au tri, comme toujours pour les gardes, je me retrouvais avec un patient d’une
trentaine d’années venu consulter à 23h, que je recevais à 23h55 pour une
constipation depuis 3 jours. Je n’ai pas osé lui demander s’il venait vraiment
pour ce motif ou s’il ne voulait juste pas passer le nouvel an seul. J’aurai
peut-être du car cela reste pour moi une énigme. Peu après minuit, les pompiers
nous ont amené un homme avec la main droite réduite en charpie par un simple
pétard. Les tissus étaient à vifs, le jeune homme hurlait comme jamais je
n’avais entendu quelqu’un hurler. Il fut pris en charge en salle de déchoquage
sans délai, ses doigts étaient déformés à un point que si je n’avais pas vu que
cela était raccroché à son bras, je n’aurai pas pu deviner qu’il s’agissait
d’une main. Le temps de trouver la bonne dose d’antalgique pour le soulager, ce
fut de longues minutes, presque une heure de hurlements continus, vous prenant
les tripes, qui résonnaient dans les urgences pour bien débuter l’année. Après
ça, je me suis dit, « plus jamais le nouvel an aux urgences ».
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